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Un travail du sol réduit pour tuer le mélilot

Centre d'agriculture biologique du Canada

Les agriculteurs qui souhaitent profiter des bénéfices du mélilot dans un système de production conventionnel seront appuyés par l’étude du Centre de recherche Lethbridge. Bob Blackshaw et ses collègues démontrent que le fauchage peut être une solution alternative au labour pour contrôler efficacement le mélilot.

Le mélilot est une excellente option pour la culture d’engrais vert et plusieurs producteurs biologiques choisissent de le cultiver. Le coût des semences est peu onéreux, le mélilot compétitionne bien avec les mauvaises herbes et, comme bisannuelle, il peut être contre-ensemencé d’une céréale, ce qui élimine les coûts de double ensemencement au cours de l’année de la culture d’engrais vert. Le mélilot produit une biomasse abondante et fixe beaucoup d’azote. Son utilisation est toutefois limitée par le fait qu’il doive être labouré pour incorporer les résidus au sol et éviter sa repousse au printemps suivant.

Dans leur étude, Balckshaw et ses collègues ont contrôlé le mélilot au stade de 80% de floraison par l’une de ces quatre méthodes : - incorporation avec une charrue à versoirs,-  incorporation avec une herse à disques, - fauchage et résidus laissés en surface – fauchage et récolte des tiges  comme on le fait pour le foin. Ils ont découvert que toutes ces méthodes étaient également efficaces pour assurer le contrôle du mélilot.

L’une des préoccupations relatives à l’utilisation du mélilot dans les zones de sol brun est son potentiel d’assécher le sol. Le fauchage a retenu l’humidité tout autant, ou plus, que le labour. Les résidus à la surface ont contribué à maintenir un taux d’humidité élevé, avec l’aide du  couvert de neige, ou encore ils ont réduit l’évaporation à la surface. Au printemps la parcelle labourée était plus sèche après la culture du mélilot, dans l’une de deux expériences.

On s’attend évidemment à bénéficier de l’azote fixé par cet engrais vert. Dans l’étude Lethbridge, la plus grande quantité d’azote disponible dans le sol après la culture du mélilot a été observée au printemps dans les parcelles labourées. La charrue a enfoui plus de 95% du mélilot et cela peut avoir permis de retenir davantage d’azote. La herse à disques a enfoui de 50% à 60% du mélilot. Il n’y avait aucune différence des niveaux d’azote disponible entre les parcelles fauchées (où aucun mélilot n’a été enfoui) et labourées. Là où les tiges ont été récoltées, le niveau d’azote disponible était réduit dans l’un des deux essais.

Les engrais verts permettent de réduire les populations de mauvaises herbes en les compétionnant. Dans les deux essais, le fauchage et le labour ont été efficaces pour supprimer les mauvaises herbes à l’automne lors de l’essai et au printemps suivant.

La herse à disques a supprimé les mauvaises herbes à l’automne mais cet effet ne s’est pas prolongé jusqu’au printemps. Dans les parcelles fauchées, l’effet de suppression provient probablement et partiellement du fort pourcentage de résidus laissés en surface, lequel réduit la quantité de lumière atteignant le sol. Lorsque les résidus ont été enlevés, les mauvaises herbes se sont développées de façon spectaculaire à l’automne et étaient encore abondantes au printemps.  

Malheureusement, il n’y a pas que les mauvaises herbes qui furent supprimées par le paillis de mélilot. Le blé semé l’année suivante n’a pas germé aussi bien dans les parcelles fauchées que dans les parcelles  labourées avec la charrue à versoirs ou la herse à disques ou dans les parcelles du mélilot fauché et récolté. L’expérience n’a pu déterminer si les résidus ont  empêché de bien placer la semence dans le sillon de semis ou ont interféré lors de la germination et de l’émergence des semences.

Les rendements de blé après la culture du mélilot étaient similaires dans les parcelles labourées avec la charrue à versoirs ou la herse à disques.  Dans l’un des essais, les parcelles fauchées ont fourni un rendement équivalent aux parcelles labourées avec la charrue ou la herse. Dans l’autre essai, le rendement a été annihilé dans les parcelles fauchées. Au cours des deux années, les parcelles où le foin de mélilot a été enlevé ont eu des rendements moindres.

Dans l’un des essais,  les niveaux de protéines dans les grains de blé étaient plus élevés dans les parcelles labourées, mais ces taux étaient similaires dans les parcelles labourées et fauchées dans l’autre essai. Les niveaux de protéines dans les parcelles où le foin de mélilot a été ramassé étaient plus bas.

Le rendement et les taux de protéines montrent que le fauchage peut être aussi efficace que l’incorporation des résidus mais qu’il comporte de plus grands risques. Les conditions environnementales variables d’une année à l’autre déterminent si le blé dans les parcelles fauchées peut produire un aussi bon rendement, même si la levée y est désavantagée lors de la période d’émergence,  et contenir autant de protéines que le blé des parcelles où les résidus de mélilot ont été incorporés au sol.

Actuellement le contrôle du mélilot à l’automne se fait avec la herse à disques. L’étude suggère que le fauchage peut être aussi efficace pour prévenir la repousse du mélilot, réduire les mauvaises herbes et retenir l’humidité au sol. Le fauchage est moins dispendieux, plus rapide et réduirait les risques d’érosion du sol. Une recherche plus poussée est nécessaire pour trouver le moyen de conserver ces bénéfices tout en réduisant les risques de réduction du rendement et de la qualité.


Rédigé par Brenda Frick pour CABC. Pour plus d’information : 902-893-7256 ou oacc@dal.ca.

Affiché en août 2010