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Un engrais liquide requis pour soutenir la production biologique de tomates

Centre d'agriculture biologique du Canada

La culture de tomates est la culture en serre la plus importante au Canada, atteignant plus de 372 millions de dollars en 2008. L’importance de ce marché fait de la tomate un choix intéressant pour les producteurs biologiques. Il y a toutefois des différences entre les productions biologique et conventionnelle de tomates en serre que les producteurs commerciaux doivent connaître – particulièrement au niveau de l’utilisation des engrais.

C’est ici que le travail des chercheurs du Canada et de la Chine peut être utile. David L. Ehret, du Centre de recherches agroalimentaires du Pacifique sis à Agassiz, en Colombie-Britannique, est l’auteur de l’article «  ». L’un des principaux objectifs de cette recherche était de découvrir si les tomates biologiques pouvaient être cultivées en ayant seulement recours à des ingrédients « secs » tels que le compost et le gypse. Si tel était le cas, la production s’en trouverait simplifiée.

Mais les chercheurs ont découvert que la culture de tomates biologiques était comparable à la fabrication d’un gâteau. « Vous avez besoin d’avoir des ingrédients secs et des ingrédients humides pour que cela fonctionne » dit Ehret.

Les ingrédients “humides” sont, dans ce contexte, les engrais liquides utilisés pour fournir un supplément nutritionnel. Le coût plus élevé de l’approvisionnement en engrais biologique liquide est certes un désavantage par rapport au coût des engrais conventionnels, sans compter les possibles complications telle l’obturation des goutteurs.

Mais encore, les producteurs ont besoin de savoir pendant combien de temps le compost seul peut suffire à maintenir une croissance régulière dans une culture de tomates en serre typique d’Amérique du Nord en production pendant 10 mois.

Les chercheurs ont découvert qu’un compost dérivé soit de résidus de jardin ou de fumier de porc, supplémenté en calcium (Ca), potassium (K), magnésium (Mg) et en sulfate (SO4) organiques dans un mélange organique de tourbe, ne pourrait être utilisé pendant plus d’un mois pour une culture de tomates en serre sans qu’on ne décèle des déficiences en nutriments dans les tissus et une baisse de rendement.

Un apport nutritionnel liquide à base de poisson ou à base végétale comprenant de l’azote (N) est nécessaire à une croissance adéquate de la culture à long terme. Les chercheurs ont découvert que la meilleure combinaison organique pour un rendement maximal était un mélange de 50% de compost dérivé de résidus de jardin ou de substrat de champignon, combiné à un nutriment liquide de source végétale à une faible concentration. Cette combinaison a procuré des rendements aussi élevés que ceux obtenus dans un système hydroponique conventionnel.

Cette recherche est précieuse pour les producteurs commerciaux de tomates biologiques qui savent désormais qu’ils auront besoin de suppléments liquides organiques. Ehret ne croit pas que les producteurs biologiques seront découragés par cette découverte.

« Je crois que les gens qui adoptent les principes biologiques le font souvent pour des raisons philosophiques et je pense qu’ils comprennent qu’ils auront des défis à relever » dit-il. « Ils savent que ça ne sera pas simple. S’ils ont à appliquer des nutriments liquides, ils établiront comment le faire».

Bien que les expériences aient ciblé les cultures de tomates, certains de ces résultats pourraient aussi s’appliquer aux autres cultures en serre, tels les poivrons et les concombres. En 2008, Statistique Canada rapporte que la valeur de la culture du poivron en serre a égalé 212 millions de dollars, et celle du concombre 187 millions de dollars. La valeur de la production biologique en serre n’a pas été établie, mais en 2006, 2% des fermes canadiennes étaient biologiques.

La recherche sur la tomate avait une saveur internationale, l’un des chercheurs provenant de la Chine, et les autres du Québec, de l’Ontario et de la Colombie-Britannique.

Les autres résultats saillants de cette recherche concernent l’activité microbiologique. L’un des principes de base de la culture biologique est de soutenir la présence d’un substrat biologiquement actif. Les chercheurs ont observé que les types de microorganismes dans les systèmes biologiques étaient similaires à ceux retrouvés dans les systèmes hydroponiques mais qu’ils étaient plus actifs.

Il fut intéressant de noter qu’une plus grande concentration du nutriment liquide organique à base de poisson ou à base végétale a causé une prolifération de la couronne de Fusarium ainsi que la pourriture des racines, ce qui a fortement réduit le rendement.

Les résultats ont été présentés aux producteurs, fournisseurs et chercheurs en production en serre et ont suscité un grand intérêt, dit Ehret.

Il ajoute, en se basant sur sa connaissance de l’industrie de la serriculture au Canada, que les producteurs conventionnels exercent déjà un bon leadership au niveau de leurs méthodes de travail. « Par exemple, ils appliquent des méthodes très saines de contrôle des parasites» dit-il. « Ils ont recours au contrôle biologique, soit les bons insectes qui combattent les mauvais insectes. Ils font cela depuis des années et des années. »

En se basant sur ces observations, il semblerait que la production commerciale de tomates en serre chaude puisse motiver les producteurs conventionnels Ă  adopter les principes de gestion biologique.


Cet article a été rédigé par Steve Harder pour le CABC grâce au soutien financier de la Grappe scientifique biologique du Canada (une partie de l’ du Cadre stratégique Cultivons l’avenir d’Agriculture et agroalimentaire Canada. La Grappe scientifique biologique est le fruit du travail de coopération accompli conjointement par le
CABC, la et les partenaires de l’industrie.

Affiché en août 2010