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Les cultures‑abris pour la suppression des maladies

par Janet Wallace

Les cultures-abris peuvent supprimer les nématodes parasites et les maladies transmises par le sol, incluant la maladie de la replantation du pommier, la moisissure rose des neiges, la flétrissure verticillienne et autres maladies fongiques.

Une culture-abri de moutarde colore le champ en jaune. Photo de Anne Verhallen, MAAARO.

Les cultures-abris peuvent supprimer les maladies transmises par le sol et les ravageurs de la manière suivante:1

  1. Elles prolongent la durée de la rotation. Allonger les périodes de temps entre les cultures sensibles peut réduire l’accumulation des agents pathogènes et des ravageurs. La plupart des maladies transmises par le sol ne peuvent survivre que quelques années sans un hôte. Cependant, pour d’autres ravageurs tels que l’hernie du chou, sept années sans culture de crucifères ou de mauvaises herbes reliées peuvent être nécessaires pour éliminer l’agent pathogène du sol.*

  2. Elles améliorent la structure du sol. « Les maladies transmises par le sol sont plus dommageables lorsque les conditions du sol sont piètres suite à un drainage inadéquat, une pauvre structure du sol, des matières organiques en faibles quantités, une faible fertilité du sol et une compaction élevée. »2 En améliorant la structure du sol et réduisant la compaction, les cultures-abris peuvent aider les plantes à résister aux maladies transmises par le sol. Le sorgho-sudangrass, le mélilot et le radis oléagineux sont particulièrement efficaces pour ameublir les sols compacts.

  3. Elles constituent une barrière physique. Un paillis vivant ou mort peut réduire la quantité de sol (et d’agents pathogènes) projeté sur les plantes. Le paillis peut aussi prévenir le contact de fruits tels que courges ou tomates avec le sol. Cela fonctionne bien lorsque les cultures sont plantées dans le paillis mort d’une culture-abri plantée à l’automne.

  4. Elles améliorent les effets suppresseurs de la vie du sol. Les cultures-abris peuvent influer sur la vie du sol. Cet effet est cependant hautement variable et diffère d’un endroit à l’autre et d’une année à l’autre. Au moins deux mécanismes entrent en jeu.

  5. Les cultures-abris stimulent les microorganismes qui suppriment les maladies transmises par le sol. Par exemple, il a été observé qu’un engrais vert de pois, sudangrass, colza, avoine ou seigle a réduit la flétrissure verticillienne dans les cultures subséquentes de pommes de terre.3 Les racines de la pomme de terre plantée après la culture-abri étaient colonisées par davantage de champignons non nuisibles, lesquels ont déplacé les agents pathogènes. Pareillement, certaines variétés de blé fournissent un habitat aux bactéries qui suppriment les agents pathogènes responsables de la maladie de la replantation du pommier.4

  6. Les cultures-abris produisent des substances qui suppriment les agents pathogènes ou les nématodes parasites. Par exemple, la décomposition des crucifères relâche des glucosinolates qui inhibent les nématodes et agents pathogènes. La moutarde brune (B. juncea) contient de hauts taux de glucosinolates, alors que ce taux est peu élevé chez le canola.

    Il a été démontré que les cultivars de la moutarde Forge et Cutlass ont un effet puissant sur les agents pathogènes du sol, alors que le radis oléagineux affiche un effet modéré et que le canola a un effet minimal.2 Une étude du Maine sur la pomme de terre a montré que les cultures-abris de crucifères suppriment la tavelure, le rhizoctone brun et autres maladies terricoles.5 Certaines maladies étaient mieux supprimées par des cultures-abris avec des taux élevés de glucosinolates; l’effet contraire a été vérifié pour d’autres maladies. Cependant, les choux sont des hôtes pour les nématodes; les populations de nématodes peuvent augmenter lorsque les choux sont cultivés mais être ultérieurement supprimées par les résidus de décomposition.6

Incorporer des engrais verts

La façon d’incorporer une culture-abri est critique. Travaillant avec le Ministère de l'Agriculture, de l'Alimentation et des Affaires rurales de l’Ontario (MAAARO), Anne Verhallen et Janice LeBoeuf ont examiné l’effet de cultures-abris de moutarde sur les nématodes radicicoles. Verhallen recommandede:

  1. Tondre l’engrais vert et le couper en petits morceaux;
  2. Labourer ou passer le disque immédiatement, en passant plus d’une fois; et
  3. Tasser légèrement et/ou irriguer pour intensifier l’effet biofumigant.7

En utilisant des cultures-abris pour aider à supprimer les maladies, il faut prendre soin de ne pas nuire à la croissance de la culture en hébergeant des ravageurs ou des maladies, ou en retenant l’azote. En C.-B., le Dr Tom Forge a examiné le lien entre les cultures-abris et les populations de nématodes radicicoles impliqués dans la maladie de la replantation du pommier. Il a conclu que l’avoine et le seigle ne semblaient pas héberger de populations de nématodes, à la différence de certaines mauvaises herbes et cultures-abris (particulièrement les crucifères et légumineuses).8 D’autres études ont montré que la vesce velue supprimait le pourridié noir des légumes, mais était un hôte du nématode radicicole et que le trèfle rampant engendrait plus de pourridié chez les fèves.2

Il a été démontré que l’avoine et le sudangrass suppriment le pourridié du maïs, mais n’augmentent pas le rendement de la culture.1 Il semble que la décomposition des résidus de cultures-abris riches en carbone immobilisait l’azote. L’avantage d’un moindre pourridié était contrebalancé par une croissance plus lente à cause des niveaux réduits d’azote.

Le message à retenir? Avec les bons choix et une bonne gestion, une culture-abri peut aider à supprimer les ravageurs et agents pathogènes du sol. Sinon, une culture-abri peut procurer d’autres bienfaits en protégeant le sol de l’érosion, réduisant le ruissellement des nutriments, contrôlant les mauvaises herbes et améliorant la qualité du sol.

Exemples de suppression des maladies par les cultures-abris

  • Les plants de tomates semés dans un paillis mort de vesce velue avaient de meilleurs rendements, vivaient plus longtemps et affichaient moins de maladies foliaires que les plants semés dans un paillis de plastique noir. L’effet n’était pas seulement le résultat de l’azote fourni par la vesce.1
  • Un paillis mort de vesce velue a réduit de 26% l’incidence de la moisissure rose des neiges dans la culture de pastèque.1
  • Le colza, le blé et le seigle ont supprimé le pourridié dans les cultures de fèves.2
  • Les crucifères ont supprimé le piétin chez le blé, la pourriture sclérotique (moisissure blanche) chez la laitue et la flétrissure verticillienne chez le chou-fleur.6
  • La hierochloé odorante (graminée cespiteuse) et la moutarde brune ont haussé les rendements des plants de fraises de 30% en comparaison des rendements de fraises en sols fumigés.9

Cet article est d’abord paru dans l’édition spéciale Été2012 du “Canadian Organic Grower” consacrée à la recherche.Cette édition spéciale du TCOG est publiée grâce au soutien de la Grappe scientifique biologique.

La Grappe scientifique biologique du Canada (GSB) fait partie de l’Initiative de grappes agro-scientifiques canadiennes du cadre stratégique Cultivons l’avenir d’, une initiative fédérale-provinciale-territoriale. La GSB est dirigée par le Centre d’agriculture biologique du Canada et par le demandeur principal de l’industrie, la .


ééԳ:

  1. Stone, A. 2012. . eXtension Foundation webinar.
  2. Abawi, GS & TL Widmer. 2000. Impact of soil health management
    practices on soilborne pathogens, nematodes and root diseases of vegetable crops. Appl. Soil Ecol. 15:37–47.
  3. Davis, JR et al. 2010. Ecological relationships of Verticillium wilt suppression of potato by green manures. Am. J. Potato Res. 87(4):315–326.
  4. Mazzola, M & K Mullinix. 2005. Comparative field efficacy of management strategies containing Brassica napus seed meal or green manure for the control of apple replant disease. Plant Disease. 89(11):1207–1213.
  5. Larkin, P & TS Griffin. 2007. Control of soilborne diseases of potato using Brassica green manure. Crop Prot. 26:1067–1077.
  6. Hartz, TK, PR Johnstone, EM Miyao & RM Davis. 2005. Mustard cover crops are ineffective in suppressing soilborne disease or improving processing tomato yield. HortSci. 40(7):2016–2019.
  7. Verhallen, A. 2010. Assessment of biofumigant cover crops for the reduction of nematode and verticillium pressure in processing tomato breeding plots, Year 2 assessments. OMAFRA.
  8. Forge, TA, RE Ingham, D Kaufman & JN Pinkerton. 2000. Population growth of Pratylenchus penetrans on winter cover crops grown in the Pacific Northwest. J Nematol. 32(1):42–51.
  9. Seigies, AT & M Pritts. 2006. Cover crop rotations alter soil microbiology and reduce replant disorders in strawberry. HortSci. 41(5):1303–1308.

    * A list of plant diseases and the number of years they survive in the soil can be found on pgs. 124–137 of